Le mercato de l’OM, ou les conséquences de l’improvisation…

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…et pourquoi la situation actuelle de l’OM n’a rien à voir avec celle de l’OL il y a quelques années…! Vous vous demandez peut-être à quoi peut servir de s’intéresser à l’OM et son mercato. La question est légitime et la réponse difficile à trouver… Beaucoup pensent que les déficits actuels successifs de l’OM rappellent un peu l’OL d’il y a quelques années. Mais après une rapide analyse, on verra que là où l’OL est sorti d’une situation difficile, non sans mal, à l’aide d’outils financiers et d’intelligence dans la gestion, l’OM semble naviguer à vue, avec pour conséquence visible des déficits annuels depuis plusieurs années et une période mercato où l’OM semble perdre à chaque fois ses 10 principaux joueurs… On ajoutera qu’il vaut mieux connaitre ses adversaires pour mieux les affronter, tant sur le terrain, que du côté des finances…

Nous allons tout d’abord tenter d’analyser la gestion du mercato de l’OM depuis un an, criblé par des déficits annoncés de plus de 30 M€ à l’été 2015, et d’environ 40 M€ cet été 2016. Mais commençons par observer la composition tactique de ce groupe de joueurs, qui a quitté l’OM (ou va le quitter), rappelons-le, en à peine un an !! Un joli 4-2-3-1…

143957-largeVoici donc le groupe de l’OM convoqué pour le prochain match, celui des finances. Un groupe formé de 18 joueurs (plus quelques jeunes qu’on n’incluera pas), tous titulaires lors de leur dernière saison au club (ou quasiment titulaires, pour quelques-uns), tous vendus (ou sur le point d’être vendus) par l’OM sur une période 14 mois (juin 2015 – août 2016). Nous avons donc inclus dans cette liste 3 joueurs en instance de départ (Batshuayi, N’Koudou et Alessandrini, et si l’un des deux derniers nommés ne partait pas, il s’agirait alors de Cabella, sans gros changement dans les chiffres).

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EX-OM 2014-2016

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GIGNAC
(Batshuayi)

THAUVIN – PAYET – AYEW
(N’Koudou/Alessandrini/Barrada/Ocampos)

IMBULA – DIARRA
(Lemina) – (Romao)

MENDY – MOREL – N’KOULOU – FANNI

MANDANDA

Une très belle équipe, qui peut prétendre au podium de L1 sans aucun doute… Mais qui n’a pas tenu plus de 6 mois (les 6 premiers mois sous Bielsa) avant de s’écrouler, peu à peu, jusqu’à la 13ème place du championnat il y a un mois… (et un peu par miracle…)

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ANALYSE DU MERCATO D’ÉTÉ 2015 DE L’OM

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Nous allons maintenant analyser ce qu’a fait le duo inséparable Labrune et Margarita Louis-Dreyfus l’été dernier, à partir de juin, après être passés devant la DNCG et avoir promis de vendre des joueurs et de réduire le déficit structurel de l’OM (supérieur à 30 ME cette année-là). Le mercato de l’été 2015 a été le suivant :

Mercato OM été 2015

(A noter que la colonne « Valeur joueur » représente la valeur comptable du joueur au moment de son départ, en fonction du montant de transfert payé lors de son recrutement, et que des transferts de joueurs non-significatifs économiquement n’ont pas été inclus.)

ca-se-tend-entre-mld-et-labrune_174552La première conclusion est que l’OM n’a pas presque pas réussi à vendre ses joueurs plus chers que ce qu’ils les avait acheté [voir colonne en rouge] avec une différence d’à peine 2,5 M€ (soit 53 M€ de ventes contre 51 M€ d’achats), ce qui n’est pas du tout un exploit, et qui s’explique par le fait que 4 de ces joueurs (dont 1 formé au club) sont partis gratuitement, le club désirant se délester de leurs salaires. Les 3 autres joueurs ont effectivement été vendus plus chers que ce qu’ils avaient été achetés (53 M€ contre 28 M€ à l’achat), donc des réussites individuelles mais un échec sur la gestion globale du mercato.

Mais surtout, il faut absolument analyser la colonne en bleu [le prix de vente, moins la valeur comptable du joueur au moment où il est vendu], qui montre la plus-value nette (celle qui va compenser le déficit structurel des autres secteurs du club), qui n’est que de 38 M€, soit à peine quelques millions de plus que le déficit présenté quelques semaines plus tôt. Le club a donc perdu 7 joueurs indiscutables pour à peine compenser le déficit du club… Une vraie difficulté. On aurait imaginé que Labrune et MLD en auraient tiré les leçons lors de la saison suivante, mais ce ne fut pas le cas…

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ANALYSE DU MERCATO D’HIVER 2016 ET D’ÉTÉ 2016 DE L’OM

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À cause du déficit structurel du club, toujours pas résorbé, le club devrait cet été présenter un déficit de près de 40 M€ à la DNCG !! Nouveau record pour le club, apparemment… Un chiffre très étonnant, mais qui expliquerait pourquoi les dirigeants se sont à nouveau attelés à vendre une grande quantité de joueurs depuis déjà plusieurs semaines. [L’OM n’étant pas un club côté en bourse, il ne communique pas ses résultats publiquement, raison pour laquelle il est difficile d’affirmer des chiffres exacts]. Voyons tout de suite le tableau récapitulatif et observons s’il y a des évolutions notables qui changent la donne, par rapport à l’année précédente :

Mercato OM 2016

Et bien, malheureusement pour les supporters de l’OM, la réponse est négative. A nouveau 3 joueurs quittent le club en fin de contrat (dont 2 indiscutables), et on ajoutera Mandanda, qui devrait finalement être transféré, pour un montant assez faible… La différence entre prix d’achat et de vente est cette fois largement positive (38 M€, un progrès) grâce à 4 ventes qui tournent autour des 10 M€ (dont une qui est un prêt avec option d’achat, pour Ocampos, et une autre qui n’est pas encore actée, N’Koudou), ainsi qu’une super vente de plus de 30 M€ (Batshuayi), pas encore concrétisée (dont 1/3 de la plus-value sera dûe à son ancien club, d’où la valeur d’achat « gonflée »)…

Mais encore une fois, et c’est là où les chiffres sont très durs pour la gestion des dirigeants de ce club, la plus-value nette des ventes de joueurs (c’est le chiffre qui compte pour compenser le déficit) se situe entre 50 et 60 M€, soit une quinzaine de millions d’euros de plus que le déficit annoncé. En plus de Lemina (dont l’option d’achat a été levée par la Juventus il y a quelques mois) et Mendy (déjà parti à Monaco), un ou deux autres de ces transferts se réaliseront sûrement avant le 30 juin (par rapport à la DNCG, qui a déjà fermé les yeux il y a un an, et on voit le résultat aujourd’hui), pour ramener l’OM proche de la ligne de flottaison.

Le reste des transferts (voir tableau) est donc à prévoir au cours du mois de juillet ou d’août (comme l’été dernier avec Thauvin) pour atteindre ou dépasser le total de 50 M€ environ de plus-value nette, sur la période estivale, et ainsi tenter d’éviter un nouveau déficit lors de la prochaine saison… Et pour remplacer les joueurs partis sans augmenter les amortissements annuels, le club a déjà montré son intention d’engager, pour l’instant, quelques joueurs gratuits (Bédimo, un arrière droit japonais moyen) et très accesibles (un bon joueur de L2, Khaoui), pour au moins s’assurer d’avoir assez de joueurs professionnels pour faire le nombre, après ces 2 vagues successives de départs (plutôt des tsunamis)…

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 POURQUOI LA SITUATION DE L’OM N’A RIEN À VOIR AVEC CELLE DE L’OL D’IL Y A QUELQUES ANNÉES…

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Certains pensent de manière erronée que ce qui arrive aujourd’hui à l’OM est arrivé il y a 5 ans à l’OL. Mais, en réalité, l’OL (qui a déjà retrouvé le chemin des bénéfices cette saison, et a même la capacité de rembourser son stade en quelques années à peine), n’a jamais vécu cette situation sans savoir exactement comment la gérer, notamment en usant de moyens financiers, comme l’entrée en Bourse du club (2007), l’utilisation des réserves des bénéfices antérieurs (2005-2009), l’émission d’obligation et augmentations de capital (2010, 2013 puis 2015). L’OM n’a pas ces capacités-là et c’est pourquoi le club connaitra un autre sort, et devra appliquer d’autres méthodes pour sortir de sa crise, notamment à travers le rachat du club par des repreneurs « mécènes »…

1086D’une certaine manière, l’OM est un peu la « version ratée » de l’OL, qui, lui, a finalement réussi à réduire la masse salariale (passée de 112 à 75 M€, voire les « dinosaures » sur les photos) lors des 6 années successives de déficit (de la saison 2009/10 à la saison 2014/15), sans s’effondrer au classement. Mais il ne faut pas oublier non plus que si l’OL a tenu bon pendant ces années, c’est parce qu’il a pu se le permettre, avec un « matelas » de près de 150 M€ de trésorerie à l’été 2008, qui s’explique en bonne partie par l’augmentation de capital qui a eu lieu en 2007, lors de l’entrée en bourse de l’OL (avec un total de primes d’émission de 80 M€, pour les experts).

180full-kim-k25c325a4llstr25c325b6mC’est également grâce à des bénéfices accumulés lors des saisons antérieures à la période de déficits (60 M€ de résultat net de 2005 à 2009), et à des mercatos très calmes du côté des arrivées (moins de 5 M€ dépensés au total plusieurs étés de suite), mais aussi grâce à une augmentation de capital de 20 M€ en 2010 (en différé, à travers l’émission d’obligations « OCEANE » d’une durée de 5 ans, rachetées en 2015 lors d’une augmentation de capital formelle, cette fois-ci), et l’émission des OSRANE en 2013 (en partie pour le financement du Parc OL et en partie pour garantir un niveau suffisant de trésorerie du club), souscrite en majorité par ICMI et Pathé, et donc aussi en partie grâce au soutien financier des actionnaires principaux, il ne faut pas le nier…

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ÉPILOGUE

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C’est aussi un vent d’air frais, car on sait désormais que l’OM ne représentera aucun danger l’année prochaine en L1, étant donné qu’il ne sera certainement pas un candidat au podium, ni au Top 5… Et qu’il tardera certainement plusieurs années avant de pouvoir reconstituer un effectif compétitif, guidé par une nouvelle équipe dirigeante (le club est en vente, si vous avez des sous), qui aurait non seulement les épaules (financières) plus solides, mais surtout une meilleure capacité de gestion économique du club…img-et-nous-allons-gruger-1443022467_580_380_center_articles-192521

N’enterrons tout de même pas tout de suite l’OM, qui, s’il sait trouver des repreneurs sérieux (pas comme celui sur la photo), continue à réduire sa masse salariale et réalise des mercatos plus sobres et plus réussis, retrouvera assez rapidement la première partie de tableau, voire le Top 5, aidé par le niveau très faible de la L1 (avec tout de même l’inconvénient que c’est un club qui ne forme presque aucun jeune au niveau suffisant pour jouer avec l’équipe première, une grosse différence avec l’OL). Le futur dira ce qu’il adviendra de l’Olympique pas-lyonnais…

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8 réflexions sur “Le mercato de l’OM, ou les conséquences de l’improvisation…

    1. Les déficits successifs de l’OL entre 2009 et 2015 n’ont pas été planifiés, mais le club partait avec une trésorerie de 150 ME en 2008, donc un gros matelas. Le pari fait par l’OL a été de penser qu’en investissant pendant 2-3 ans (sous Puel), on deviendrait à nouveau bénéficiaire, ce qui n’a pas été le cas (mauvais résultats et dépenses trop élevées), et nous avons fait notre propre cure de « dégraissage » ensuite jusqu’en 2015. Donc l’OL a perdu ce matelas de 150 ME qu’il avait il y a 8 ans, mais il pouvait le faire, l’OM, non !

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      1. Si je te suis bien la différence entre Lyon et Marseille est ce matelas de 150M (j’ai lu Aulas évoquer 100M)?
        À savoir que l’om avait quand à lui un « trésor de guerre « d’environ 35 M, de plus les déficits cumulés n’ont pas atteints ceux de l’OL ,donc les situations se rejoignent.
        Sans compter que la famille LD a amorti la plupart de ces déficits.

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      2. Les rapports annuels montrent une trésorerie qui monte jusqu’à environ 150 ME en 2008. C’est ce matelas, mais c’est le fait que l’OL a été en déficit sciemment(achats de joueurs en 2009 et Gourcuff en 2010) en sachant qu’on pouvait se le permettre, et ca nous a coûté très cher, alors à l’OM, c’est encore pire, une fois le matelas consommé, Labrune et MLD ne sont pas prêts à trouver les moyens de stabiliser le club, sauf à le faire devenir un club de 2ème partie de tableau, c’est ce qui devrait se passer cet été après la saignée…

        Quand le matelas de réserve de l’OL s’est terminé, JMA savait qu’il pouvait apporter de l’argent en augmentant le capital, donc il a réussi à maintenir l’équipe dans le Top 5 et avoir un « dégraissage » plus lent qu’à l’OM, où il n’y pas cette possibilité. Mais Labrune aurait du justement anticiper cette incapacité et faire les choses différement.

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  1. olympiquelyonnais2016, tu n’as pas tout à fait tort mais l’erreur est de considérer Labrune comme un président à la Aulas, dans les faits il a plutôt les prérogatives d’un directeur sportif sans avoir la main sur la stratégie du club.

    Les dirigeants marseillais n’avaient pas à apporter de l’argent par des manoeuvres boursières puisqu’il suffisait de procéder à des abandons de créances et vendre quelques joueurs pour équilibrer les comptes.
    Actuellement la situation est particulière car l’actionnaire refuse désormais d’avancer le moindre centime et tente à priori de récupérer sa mise car dans une période de transition pré /vente.

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  2. « C’est aussi un vent d’air frais, car on sait désormais que l’OM ne représentera aucun danger l’année prochaine en L1, étant donné qu’il ne sera certainement pas un candidat au podium, ni au Top 5″….

    Salut, amusant de lire ca désormais !
    Heureusement que le club a été racheté rapidement sinon c’eut été compliqué de retrouver la C1 à moyen terme ce qui reste le meilleur moyen d’équilibrer son bilan (n’est ce pas Mr Aulas ? ^^

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