L’économie de l’OL (3/4) 2016-17 : Budget de 270 M€ et 70 M€ de bénéfice ??

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Après avoir donné une estimation du résultat d’OL Groupe pour cette saison qui s’achève (lire ici), il est temps de parler du budget prévisionnel, et pouvoir ainsi mieux comprendre la stratégie qui sera adoptée par le club lors de ce mercato, et par la suite… Nous allons analyser à nouveau, point par point, l’évolution des produits et charges d’exploitations (« recettes » et « dépenses »). Dans cet article nous comparerons principalement la saison 2016/17, la première à 100% dans le Parc OL, avec la saison 2014/15, la dernière saison complète à Gerland. Pour mieux apprécier les changements structurels déjà visibles et très appréciables !

(L’hypothèse suivie à continuation est celle d’une 3ème place en phase de groupes de Ligue des Champions, suivie de 2 tours d’Europa League, ce qui semble raisonnable vu que l’OL sera dans le 3ème chapeau lors du tirage au sort. Une hypothèse, ni trop optimiste, ni trop pessimiste. En cas de 4ème place en phase de groupes, réduire les « recettes » de 15 M€ et les « dépenses » de 5 M€).

CET ARTICLE EST UNE PRÉVISION DU BUDGET DE L’OL LORS DE LA SAISON 2016-17. IL N’Y A PAS DE CHIFFRES OFFICIELS, C’EST UNE ANTICIPATION BASÉE SUR LES 2 SAISONS PASSÉES ET LES ÉCHÉANCES À VENIR…

[Un tableau récapitulatif et chiffré se trouve à la fin de l’article]

UN BUDGET DE 270 M€ !!! DU JAMAIS-VU À L’OL !

  • BILLETERIE (~60 M€)

Les recettes de billeterie (qui incluent la restauration à l’intérieur du stade) devraient se maintenir égales (diminution de l’effet nouveauté du Parc OL et augmentation des abonnements, mais dans le même temps, augmentation de la consommation et maintien voire augmentation de l’affluence au stade), c’est-à-dire à 2 M€ de moyenne par match, en y ajoutant un match de coupe (pratiquement garanti au cours de la saison). Ce qui donne un total de 40 M€ pour les competitions nationales.

Les revenus tirés de la commercialisation des loges est certainement intégré à ce total. On peut estimer qu’avec une progression de leur commercialisation cet été (qui passerait de 50% à 75%, idéalement), les revenus de billeterie augmenteraient de 5 M€, en espérant atteindre les 100% d’ici l’année suivante.*** (lire note à la fin de l’article sur les loges)

Le club disputera 3 matchs de LDC à domicile, puis, dans ce scénario, 2 matchs de tours éliminatoires d’Europa League entre janvier et mars, ce qui permettrait de produire de nouvelles recettes de 15 M€ (à 3 M€ par match, assez élevé, étant donné le standing de la compétition et l’absence « d’effet abonnement »). Soit un total de 60 M€ pour les recettes de billeterie. En 2014/15, le total de la billeterie était de 11 M€. Incroyable différence ! Qui s’explique par 3 facteurs principaux : l’affluence plus importante, le prix moyen des places plus élevé (dont des places VIP avec prestations spécifiques), et la forte hausse de la consommation dans le stade…

  • PARTENARIATS ET PUBLICITÉ (~35 M€)

On espère voir une légère augmentation des montants des contrats de partenariats, notamment avec Hyundai et Groupama, signés ou renouvellés il y a quelques mois. Sur la base stable des 20 M€ de recettes en 2014/15, nous ajoutons 2-3 M€ grâce à de meilleurs montants de sponsoring maillot/centre de formation, etc… Suivis d’environ 7 M€ du naming du stade, 5 M€ de « signing fees« , en particulier pour la cession des droits à bâtir à l’intérieur du Parc OL (hôtellerie – permis de construire déjà obtenu-, immeuble de bureaux, centres de loisir et de santé…), comme d’autres ont été signés ces 2 dernières années pour un total de 4 M€. Le total de partenariats et publicité devrait ainsi monter à 35 M€. Une hausse qui devrait être momentanée, avec des chiffres qui devraient rester à ce niveau puis augmenter à nouveau d’ici 2-3 ans, avec le début de l’exploitation des infrastructures nommées plus haut…

  • DROITS TV ET MARKETING (~100 M€)

Le club comptera sur des revenus nationaux en augmentation d’au moins 10 M€, pour un total de 55 M€, dû aux nouveaux droits TV négociés par la LFP il y a 2 ans, pour la période 2016-2020, et des revenus de Ligue des Champions stables (40 M€, ou plus si le club gagne plusieurs matchs en phase de groupes), auxquels on ajoutera les primes et droits TV des 1/16èmes et 1/8èmes de finales de l’Europa League, que disputerait le club dans ce cas de figure, ce qui offrirait un revenu minimum de 100 M€ au club. En espérant aller au-delà de ces 100 M€ le plus tôt possible, ce qui voudrait dire un passage en 1/8èmes ou 1/4 de finale de LDC, ou un parcours couronné de succès en Europa League… [Ce paragraphe a été modifié suite à l’intégration de nouvelles données, concernant les droits nationaux]

  • PRODUITS DE LA MARQUE (~25 M€)

Des recettes qui devraient augmenter principalement sous l’effet de la croissance de la vente des produits dérivés, observable depuis 2-3 ans (10 M€ il y a un an, autour de 12-13 M€ cette année, 15 M€ la saison qui vient?), et qui s’est encore accentué avec l’entrée dans le Parc OL et l’apparition du mégastore en son sein. À cela s’ajouteront également plusieurs millions d’euros de « recettes » pour les différentes locations d’espaces et hospitalité, comme ceux qui ont déjà été nombreuses pendant les 6 premiers mois d’exploitation du stade (séminaires, matchs de l’Euro, finales européennes de rugby…) Soit un total espéré de 25 M€, face aux 17 M€ de 2014-15.

  • CESSIONS DE JOUEURS (~50 M€)

Depuis 30 ans, c’est la variable d’ajustement économique du club, puisque les ventes de joueurs ont été à la base de l’équilibre financier du club. C’est désormais fini, même si le total de l’année qui arrive risque d’être élevé, avec les ventes probables d’Umtiti (30 M€), Valbuena, Grenier, Rose et Koné (10 M€ à eux tous), et peut-être de Ghezzal (10 M€). Soit un total de 50 M€. Auquel on pourrait ajouter à coup sûr le pourcentage de 2 M€ sur le prochain bonus de Martial à MU (nombre de buts), voire d’autres revenus, en cas de départ de Benzia, Pléa, Zeffane ou autres joueurs partis récemment.

Cela signifie que le club peut désormais vendre ses meilleurs joueurs, mais pas sous la pression économique, sinon seulement en cas d’offre supérieure aux prix du marché, ou de joueurs qui auraient fait le tour à l’OL et seraient capables de jouer dans les plus grands clubs européens (ou à l’inverse, n’aurait pas/plus le niveau). Cet été est particulier du fait de l’utilisation probable de la trésorerie résultante du bénéfice de l’année qui s’achève, pour réaliser des investissements dans des infrastructures, telles que le centre d’entrainement et de formation, ainsi que l’architecture d’intérieur du stade… D’où peut-être la facilité avec laquelle le club semble accéder à vendre un joueur comme Samuel Umtiti…

… POUR UN BÉNÉFICE DE 70 M€ ???

  • FRAIS DE PERSONNEL (~86 M€)

Les nombreux départs, de joueurs comme Bédimo, M’Vuemba, Malbranque (en fin de contrat), Koné, Rose, Valbuena, Grenier, Umtiti et Ghezzal, représentent une économie de près de 25 M€ (!!) de coût salarial pour le club (salaires bruts et primes + charges). Etant donné qu’ils ne seront remplacés que par 4 ou 5 joueurs (Rybus le premier d’entre eux, Mammana et Roger Martínez peut-être bientôt, plus éventuellement un nouveau joueur défensif et un offensif), cela impliquera certainement une significative baisse de la masse salariale de plusieurs millions d’euros… En comparaison, la masse salariale de la saison 2015/16 aura été proche des 94 M€, mais comprenait le coût de Beauvue, Bisevac et Rose pendant les 6 premiers mois de l’année. On tablera ici sur une masse salariale de 86 M€, étant donné le statut des recrues déjà sûres ou officiellement ciblées…

  • AMORTISSEMENTS DES JOUEURS (~14 M€)

L’amortissement des contrats des joueurs devrait être de 12 M€ la saison 2015-16. On attend ensuite une légère diminution (de 3 M€) suite aux départs de Koné, Rose et Valbuena, qui sera compensée et surement dépassée par 1, 2 ou 3 recrues avec des indemnités de transfert de 20 ou 30 M€ au total cet été. Très raisonnable pour un club comme l’OL, et un effectif dont le « prix d’achat » est dejà supérieur à 150 M€ selon Transfermarkt, ou plutôt supérieur à 200 M€ selon le marché actuel.

  • PERTE DE LA VALEUR DES « ACTIFS-JOUEURS » CÉDÉS (~5,5 M€)

Il s’agit, encore ici, uniquement de la valeur comptable des « actifs-joueurs » que sont Valbuena (4 M€), Koné (0,5 M€) et Rose (1 M€), pour un total de 5,5 M€ qui « disparaitront » le jour de leur départ cet été, et que le club devra compenser d’un point de vue comptable (provisions). Les autres joueurs qui devraient partir cette été, dans le cas de figure que nous proposons, c’est-à-dire Umtiti, Grenier et Ghezzal, sont formés au club et n’ont donc pas d’amortissement prévu, vu qu’ils n’ont pas été recrutés moyennant une indemnité de transfert.

  • ACHATS ET CHARGES EXTERNES (~60 M€)

C’est le poste de dépenses qui va le plus évoluer structurellement (et augmenter fortement). Il était de 30 M€ lors de la saison 2014/15 et il devrait passer à un total de 55 M€ la saison qui arrive, et encore augmenter les saisons suivantes, en corrélation avec l’augmentation du chiffre d’affaires, notamment la billeterie et les produits dérivés…

On sait que lors des derniers mois, le coût d’organisation d’un match au Parc OL a été de 0,9 M€ (avec une recette moyenne de 2 M€). JMA s’est lui-même exprimé pour dire que ce chiffre allait certainement baisser l’année qui arrive. On tablera dans nos calculs sur 0,75 M€ de moyenne par match de compétitions nationales (car il y a beaucoup de dépenses fixes difficiles à réduire), et de 1,6 M€ de moyenne par match de compétitions européennes (plus d’affluence, donc de consommation, donc d’achats à faire, et plus de « protocole » au passage…), ce qui représente un coût total de 23 M€ sur l’année (20 matchs nationaux et 5 continentaux).

L’augmentation des ventes des produits dérivés a également un impact sur les achats du club (les articles qu’il vend dans ses magasins), où l’on estimera l’augmentation à 3 M€ (pour une augmentation de 5-6 M€ du chiffre d’affaires correspondant en 2 ans). À cela il faut encore ajouter les services spécifiques des loges, en particulier les « loges 365 », certainement sous-traités à des entreprises spécialistes du secteur de l’hospitalité, ainsi que les nouveaux coûts fixes relatifs au Parc OL, pour un total certainement de peu inférieur à 5 M€. Pour un total de 60 M€, comme dit plus haut.

  • IMPÔTS ET TAXES (~5 M€)

On imagine un total en légère augmentation (« automatique », de par l’augmentation des achats et charges externes) qui la ferait passer de 3-4 M€ à 5 M€ sur l’année.

  • CHARGES FINANCIÈRES (~30 M€)

Une catégorie qui explose, et qui va être durablement très importante dans le compte de résultat de l’OL. Environ 10 M€ d’amortissement du stade, d’une part (sur la base d’un stade d’une valeur de 400 M€ amorti sur 40 ans), ainsi que des paiements d’intérêts des prêts courants (dont un prêt d’environ 30 M€ maximum, remboursable en septembre 2017), qui devraient coûter 2 à 3 M€ d’intérêts cette année, mais surtout des emprunts spécifiques au financement du stade (136,5 M€ de prêt principal et 112 M€ d’obligations), qui couteront annuellement autour de 17 M€, selon le club (« taux de financement annuel de 7% »), et dont les remboursements commenceront lors de cette saison. Soit un total de 30 M€ annuels.

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CONCLUSIONS

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budget 2014-15-16.pngL’OL pourrait se retrouver à l’issue de la saison 2016/2017 avec un bénéfice de 70 M€, une chose jamais vue en France. C’est une hypothèse optimiste mais complètement réaliste. Et surtout, un fort indicateur de la santé financière et du succès de la stratégie du club mené par JMA… Un bénéfice qui laisse penser que ce club pourra rembourser rapidement la dette qu’il a contractée depuis quelques années, continuer à investir dans les infrastructures du club, les joueurs, et garantir le niveau d’excellence dans tous les domaines pendant de longues années…

JMA a d’ailleurs parlé à de nombreuses reprises du besoin de refinancer l’endettement du club pour son stade, ce qui signifie : sortir des prêts à taux élevés, variables et à court-terme (7 ans), pour obtenir des financements à plus long terme, à des taux plus avantageux, ce qui devrait être le cas si le bénéfice prévu se concrétise dans un an ! On notera que le résultat « hors cession de joueurs » est toujours bénéficiaire : +25 M€. Et qu’après le refinancement de la dette (d’ici un an ou deux), les charges financières ne seront certainement plus de 30 M€ annuels, mais plutot de 15 M€ annuels, un grand changement…

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Notre prochain (et ultime) article proposera des éléments qui permettent de visualiser la stratégie du club pour refinancer ses dettes actuelles et payer l’investissement du Parc OL en beaucoup moins d’années que prévu… Disponible prochainement sur le blog, pour conclure la série sur l’économie de l’OL…

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***Il reste un doute assez important qui n’a pas pu être éclairci lors de la recherche nécessaire à l’écriture de cet article. Il s’agit des revenus tirés de la commercialisation des loges et la question est de savoir s’ils sont déjà inclus dans les revenus de billeterie (à raison d’environ 0,5 M€ par match, de moyenne), ou s’ils sont inclus dans la catégorie des « partenariats », de par leur nature « B to B » et par le concept même de « loge 365 » qui déconnecte la loge, son usage et la rencontre sportive en soi. Dans tous les cas, une fois le doute levé, l’article sera définitivement corrigé.

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5 réflexions sur “L’économie de l’OL (3/4) 2016-17 : Budget de 270 M€ et 70 M€ de bénéfice ??

    1. Oui, le risque de voir Monaco participer à la LDC existe, et engendrerait une diminution d’environ 10-15 ME au final (Monaco toucherait un pourcentage inférieur des droits par rapport au PSG et à l’OL, de par sa 3ème place). Je n’ai pas pris ce scénario en ligne de compte, trop optimiste que je suis… Mais c’est une bonne remarque effectivement !

      Il y a aussi d’autres « risques » (positifs) que je n’ai pas intégré : de possibles meilleures revenus TV nationaux (5-10 ME il semblerait), 1 ou 2 ME supplémentaires pour les résultats des matchs en groupe de LDC, donc ca peut se compenser…

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